Le réemploi et les principes de l’économie circulaire sont les nouveaux enjeux pour chaque praticien de la construction et de l’art de bâtir. L’énergie consommée aujourd’hui par les bâtiments étant de plus en plus limitées grâce à de l’isolation, aux systèmes de chauffages performants et de l’énergie renouvelable produite localement, font que l’énergie grise comprise dans les bâtiments prend une plus grande place dans le bilan énergétique global. Les matériaux de réemploi se présentent donc comme une opportunité de choix pour l’avenir de la construction.
Alors comment favoriser leur utilisation? Rendre obligatoire l’utilisation de ce type matériaux, pourrait une nouvelle fois, être perçu comme une entrave à l’exercice de la profession et serait contre productif. D’où le questionnement amené par ce colloque: « Comment convaincre plutôt que de contraindre ? ». Il est essentiel d’aborder la problématique à partir de l’élément moteur et essentiel à tout architecte qui lui permet de porter son projet jusqu'à son exécution, à savoir la créativité.
Les objectifs du colloque de ce 23 Mai 2018 seront donc multiple; montrer qu’à travers le temps, le réemploi a été une norme, un moyen de créer une contrainte amenant à l’innovation et qu’il est important de réfléchir aujourd’hui à les intégrer dans les outils de demain afin qu’ils puissent passer à l’ère de la construction 3.0.
Le colloque: « L’utilisation des matériaux de réemploi dans un processus créatif » abordera donc le sujet comme un défi lancé à l’expertise de la profession, utiliser les capacités des bureaux d’architectes à fonctionner comme bureaux d’études comme centres de recherches et comme laboratoires. C’est dans les projets qui ne sont pas encore réalisés que les solutions innovantes sont à découvrir.
Lors de ce colloque, seront donc abordés à travers le temps par trois visions différentes mais cependant complémentaires à travers un dialogue entre trois intervenants de choix:
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Le premier chapitre abordera le passé et sera l’occasion de rappeler que l’utilisation des matériaux de réemploi était d’usage courant dans l’architecture jusqu’au début du XX siècle. L’orateur sera Vincent Heymans, licencié en Histoire de l’Art et Archéologie et docteur en Philosophie et Lettres. Il dirige la Cellule Patrimoine historique de la Ville de Bruxelles, chargée de la gestion et de la valorisation du patrimoine architectural. Il est également administrateur du site archéologique du Coudenberg dont il assure la direction scientifique et siège à la Commission Royale des Monuments et Sites de la Région de Bruxelles-Capitale.
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Lors de la deuxième partie de l’événement, Philippe Samyn exposera la mise en œuvre du réemploi dans ses projets. C’est une problématique qu’il a intégré depuis longtemps dans la phase de conception de ses projets et à laquelle il tente, parfois avec succès, de convaincre ses clients. Il aborde aussi l’architecture comme une discipline globale qui intègre l’art, la science, l’ingénierie. Ceci peut être abordé également comme une réponse à la question: comment donner une présence à un bâtiment nouvellement construit qui dépasse l’expérience sensible que nous en avons dans le présent.
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Le troisième chapitre sera logiquement le futur et l’apport des nouvelles technologies dans la mise en œuvre du réemploi. Nous pensons notamment à la manière de rendre gérable techniquement la prescription de matériaux de réutilisation : la facilitation de la gestion particulière de ces flux dans le contexte du BIM est un enjeu important.
Ce colloque se déroulera dans le premier bâtiment français Cradle to Cradle : la Maison du projet de
la Lainière. Cette maison du projet est conçue pour n’avoir aucun impact sur son environnement. Chaque élément est non seulement biosourcé mais démontable pour être, demain, réutilisé ailleurs et autrement. Elle est donc déjà aujourd’hui une banque de matières de qualité potentiel pour de futurs constructions voulant intégrer des matériaux de réemploi.