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Colloque Architecture et Reemploi - Mr Samyn
Actualité du 11 octobre 2018

L’utilisation des matériaux de réemploi du passé au futur - Le présent

Actualité du 11 octobre 2018
Colloque Architecture et Reemploi - Mr Samyn
LE RÉEMPLOI DE MATÉRIAUX AU SERVICE DE LA CRÉATIVITÉ DANS L’ARCHITECTURE COMPTEMPORAINE
 
Compte-rendu de l’intervention de Mr Philippe Samyn, Architecte et Ingénieur, à l’occasion du colloque du 23 mai 2018 consacré à « l’utilisation des matériaux de réemploi dans un processus créatif », organisé dans le cadre du projet Interreg « RE C² ». Consultez aussi la vidéo complète de l’exposé.
 
 
Les normes, un alibi pour détruire un bâtiment ?
Le réemploi se pratique depuis toujours. On ne mesure pas l’importance de la rupture créée par la seconde guerre mondiale. En 1960, certaines familles restaient sans logement. Ils attendaient leur abri de béton, eux qui habitaient autrefois des maisons avec 4 mètres de hauteur sous plafond. Très peu de cimenteries étaient en activité avant la guerre : le béton était employé avec beaucoup de subtilité. L’utilisation intensive et brutale du béton, parfois vulgaire, n’est arrivée que plus tard.
Avant le premier choc pétrolier, les belges étaient connus pour leurs briques dures maçonnées à l’aide de mortier mou. La fabrication de briques a connu des difficultés croissantes occasionnées par le premier choc pétrolier : les briques produites sont moins dures du fait d’une cuisson raccourcie.
La résistance d’un mur étant fonction de la résistance du joint et de la brique, le problème a été contourné par le développement d’un mortier plus dur. Les murs, autrefois constitués de briques dures et d’un mortier mou sont désormais élevés à l’aide de briques molles et de joint durs ! L’industrie du ciment s’en trouve grandie mais cette baisse de qualité de la brique s’oppose naturellement à leur réemploi.
Les fissures qui sont alors apparues dans ces murs, suite notamment aux variations thermiques, ont provoqué la création de nouvelles normes, imposées au secteur. Les bâtiments ainsi devenus moins durables peuvent désormais se fissurer légalement, tant que ces fissures sont conformes à la norme !
 
Le réemploi : de la dignité, de la folie, et du génie
Le réemploi est d’abord une question de mémoire, de dignité. Même le pire des insouciants a quelque part chez lui des objets exposés en souvenir de ses grands-parents.
Le premier exemple est celui même des bureaux de Samyn and Partners : récupération de bonnes briques dures de 1830 maçonnées à la chaux (aucune brique jetée), récupération de vieux pavés,... Ces bureaux sont équipé de mobilier réemployé en partie… jusqu’au kicker des enfants de Mr Samyn, réemployé par ses employés !
Pour un de ses clients (à la fois génial et fou), le bureau Samyn a réutilisé des emballages de chocolat pour la réalisation d’un pare-vapeur dans la dépendance d’un petit château flamand.
La façade du bâtiment où siège le conseil de l’Union Européenne, constituée d’une multitude de châssis réemployés, n’est plus à présenter.
En Chine, toute la structure en acier d’un bâtiment imaginé par le bureau Samyn and Partners provient d’un chantier naval voisin où gisaient un nombre important d’épaves de bateaux.
Un projet emblématique et actuel est certainement celui de la maison administrative de la province de Namur, conçu sans utiliser de béton (bois et acier) et où tout l’aménagement intérieur et le mobilier ne seront que réemploi : il s’agit de la valorisation des déchets encombrants collectés chez les ménages namurois. Le bâtiment revêt dès lors une dimension particulière liée à l’histoire des matériaux employés : une dimension émotionnelle est créée.
 
La conception intelligente pour consommer moins et faciliter le réemploi
Mais avant de réemployer les matériaux, il est important de rappeler qu’une conception intelligente permet d’économiser énormément de matière. Mr Samyn donne en exemple un escalier réalisé à l’aide d’une unique tôle d’acier d’une épaisseur de 1,5 millimètre seulement, perforée à plus de 70%. L’écoconception se met au service du design.
Un autre exemple : la structure ultralégère de la tente en acier imaginée pour le palais des expositions d’Avilés. Cette toiture de 80 mètres de diamètre, montée sur un mat en acier de 8 centimètre de diamètre et tenue par une toile de fins câbles de 4 millimètres ne pèse que 3,5 kilos par mètre carré (à comparer à environ 500kg pour une verrière) tout en étant aussi transparente qu’une verrière !
Un exemple de non réemploi : une tour de logement détruite car la hauteur plancher-plafond de 2m90 a rendu impossible toute tentative de sauvetage car la géométrie ne le permettait pas. Ces bâtiments sont morts nés à cause d’une mauvaise conception initiale.

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